Le Devoir : Mandats de grève générale illimitée en poche pour tous les syndicats de la FAE

À lire dans le Devoir du 26 septembre 2023

https://www.ledevoir.com/societe/education/798848/mandats-greve-generale-illimitee-poche-tous-syndicats-fae

Anne-Marie Provost

Près de mille enseignants de Laval ont voté à 93 % en faveur d’une grève générale illimitée lors d’une assemblée générale, mardi soir, sur fond de crainte d’une éventuelle loi spéciale. Il s’agit du dernier syndicat affilié à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) à se doter d’un mandat de grève.

Presque toutes les chaises étaient occupées dans une imposante salle du Centre de Congrès Palace et quelques enseignants en profitaient pour corriger des copies tout en écoutant les interventions d’une oreille distraite.

La décision de déclencher la grève pour les neuf syndicats affilés est maintenant entre les mains de la FAE. « Ce ne sera pas demain matin », assure André Arsenault président du Syndicat de l’enseignement de la région de Laval. Ni cette semaine. Le conseil fédératif de négociation de la FAE doit se réunir jeudi matin pour discuter de la suite des choses et la décision du moment de grève ne sera pas prise à ce moment. « C’est maintenant au gouvernement de montrer si on doit l’utiliser ou non », lance-t-il.

L’Assemblée a été ponctuée par de nombreuses interventions, parfois enflammées, en faveur de la grève, mais aussi d’interrogations d’enseignants incertains que ce moyen de pression mènera bel et bien à de meilleures conditions de travail.

« Je suis en faveur de la grève depuis que j’ai entendu le ministre [Bernard Drainville] dire qu’il fallait une personne adulte devant une classe. Moi j’ai fait mon baccalauréat, je suis désolée mais pour moi ça compte », a lancé une enseignante de l’école de l’Arc-en-ciel au micro. Un autre enseignant a relevé le fait que les policiers de la Sûreté du Québec (SQ) ont rejeté une hausse salariale de 21 % sur cinq ans.

La discussion sur les propositions de grève a été courte, d’une quinzaine de minutes, la grande majorité des personnes présentes semblant s’être déjà fait une tête avant de se présenter sur place.

Les craintes de l’imposition d’une éventuelle loi spéciale étaient présentes. « Les enseignants ont déjà vécu des lois spéciales par le passé, donc ça leur fait énormément peur, souligne André Arsenault. Ce qui les rassure, c’est ce qui s’est passé dans l’Ouest canadien. La Cour suprême est venue dire qu’il peut y avoir une loi spéciale pour obliger un retour au travail, mais que les conditions de travail ne peuvent pas être dictées ».

Ce qui « est le plus inquiétant » serait toutefois l’utilisation de la clause dérogatoire par Québec, comme ce fut le cas en Ontario, pour imposer une convention collective aux enseignants. « C’est très, très inquiétant, et on connaît le gouvernement actuel qui a déjà passé des lois sous bâillons », dit-il.

Le vote s’est fait par scrutin secret et 24 scrutateurs votés en début d’assemblée ont compilé les bulletins de vote.